Le réseau Esaïe regroupe des personnes hébergeant chez elles à tour de rôle des étrangers oubliés ou rejetés des dispositifs, souvent de très jeunes gens, arrivés sans famille et sans point d’attache en France, en attente d’une décision de justice reconnaissant leur minorité. Cette action est portée par le Diaconat Protestant et l’Église protestante unie de Grenoble depuis 2011. Quatre à sept jeunes sont accueillis à la fois par le réseau.
Mathilde et Didier sont membres du réseau Esaïe depuis 2019. Voici le récit d’une belle expérience dont ils ont pris l’initiative à l’été 2025.
C’est en réfléchissant à des idées de sorties avec les deux jeunes que nous allions héberger à la maison cet été, que nous avons décidé de proposer une sortie en montagne avec nuitée en refuge à l’ensemble des cinq jeunes actuellement accueillis par le réseau Esaïe. Ils ont tous été d’accord pour participer !
L’effort de la montée
Nous voilà donc partis le 25 juillet du site de Freydière à Revel vers le refuge de la Pra (2 105 m), un groupe de neuf marcheurs avec pour objectif l’ascension du Grand Colon le lendemain. Nos cinq accueillis, Oumar, Jean-Paul, Mariame, Raïssa et Anaëlle sont bien équipés pour randonner grâce à des prêts de matériel des membres de notre réseau.
La montée commence doucement. Aïe, deux des filles peinent à porter leur sac à dos. Nous nous demandons intérieurement si nous allons pouvoir aller au terme de notre randonnée, mais aussitôt les deux garçons du groupe s’emparent vaillamment des chargements : un sac devant et un sac derrière. Heureusement qu’ils sont costauds et musclés ! Notre ami Jean-Paul s’avère de surcroit un excellent entraîneur de notre petite équipe.
Enfin, c’est l’heure du piquenique au lac du Crozet : nous avons fait la plus grosse partie de la balade du premier jour.

Le refuge n’est plus très loin.
Nous y arrivons en milieu d’après-midi.
On le voit ici depuis l’alpage.
Un refuge déconnecté !
Un dortoir nous a été attribué où nous déposons nos affaires. Bien sûr, à peine installés, tout le monde consulte son téléphone et là… AUCUN RESEAU, aucune possibilité de se connecter à Internet, ni même d’appeler. En regagnant la salle à manger du refuge, nous voyons une petite affichette qui le confirme : « déconnexion assurée ».
Bon, grosse déception quand même, il faudrait remonter jusqu’au col de la Pra pour trouver du réseau… et en plus le temps est menaçant… Alors on se résigne ? Mais en fait c’est magnifique ! On sort un jeu de dés puis un jeu de Uno et la soirée se passe joyeusement à jouer et rigoler tous ensemble, sans le moindre écran.

Une expérience réussie
Le lendemain matin, en route pour le Grand Colon (2 402 m) que nous atteignons sans difficulté malgré le brouillard. Les jeunes sont fatigués mais heureux d’avoir atteint l’objectif !


Petit débriefing au retour : la majorité a trouvé que les efforts avaient été rudes et difficiles (sauf notre entraineur !). Les deux garçons ont exprimé leur envie de renouveler l’expérience. Les filles de leur côté, seraient prêtes à la renouveler mais en version plus courte et plus facile.
Tout le monde a aimé en tous cas la découverte de la nature : nous avons eu la chance de voir des chamois et les jumelles ont circulé. Et chacun a apprécié « la déconnexion » de son téléphone, nous avons été remerciés aussi pour cela !
Pour nous, l’expérience a été très chouette. Ces moments de partage nous ont beaucoup émus et nous sommes prêts à recommencer.
Mathilde et Didier Laurent, membres du réseau Esaïe, Diaconat Protestant de Grenoble

