Ils sont plusieurs dizaines à dormir dehors à Grenoble, enfants et adolescents, filles et garçons, arrivés en France après un périple de plusieurs mois dans des conditions terribles, espérant trouver dans le pays des droits de l’Homme une protection contre les maltraitances et souffrances subies dans leur pays.
Mais la réalité est tout autre : complications administratives, racisme de certains citoyens et citoyennes, lenteur des procédures qui les usent et les privent de documents valides, sans parler des dangers de la rue qu’ils affrontent : violence, prostitution et narcotrafic.

Si un petit nombre d’enfants sont reconnus mineurs et aidés par le Département jusqu’à leur majorité, un grand nombre sont confrontés à un refus de minorité alors qu’ils ont présenté des justificatifs. Ils se retrouvent donc sans toit ni droit. Très difficile de suivre une scolarité dans ces conditions, alors que c’est leur espoir de survie et d’intégration.
Une telle situation constitue une violation des droits de l’enfant.
Quelle que soit la situation de danger, de précarité, de dépendance, d’isolement, ou encore d’exil, tous les enfants ont droit à la protection de la France en conformité avec la Convention internationale des droits de l’enfant.

Le 26 septembre, ces jeunes ont manifesté devant l’hôtel du Département, à l’appel du collectif L’Oasis des Jeunes, soutenu par des élus départementaux et de nombreuses associations, comme La Cimade, 3aMIE, le Diaconat Protestant, le Secours Catholique et d’autres encore.

Ci-dessous un témoignage anonyme d’un de ces jeunes :
« La France nous montre ce que c’est d’être effacés, oubliés […], pourtant certains d’entre nous sont au collège ou au lycée, nous avons des amis, des passions, du talent, et surtout des besoins. Ces besoins les plus primaires, comme avoir un toit sur notre tête, de quoi se nourrir et envisager un avenir comme n’importe quel jeune de notre âge. […]
Nous sommes ceux qui n’ont pas de pays, pas de papiers, pas d’identité, mais nous avons dans nos rêves ce qui ne peut être détruit.
Nous n’avons souvent aucune solution d’hébergement. Exposés à la rue, hébergés chez des tiers, dans des squats ou en centre d’urgence inadapté, nous vivons dans des conditions indignes. Notre exclusion sociale complique nos conditions de scolarisation. »
Si l’État reste passif, voire hostile, les associations, elles, font ce qu’elles peuvent. Près de 70 jeunes ont été hébergés depuis 2011 par les familles engagées dans le réseau Esaïe du Diaconat Protestant. Actuellement le réseau héberge 6 jeunes dont 4 jeunes filles. D’autres associations comme le Secours Catholique et La Cimade sont également très actives. Mais sans papiers, quel avenir espérer ? Et quel gâchis que de ne pas intégrer ces jeunes très résilients, prêts à travailler et à réussir dans leur pays d’adoption.
Elisabeth Olléon, Bureau du Diaconat Protestant de Grenoble

