L’hébergement d’urgence en Isère : une réponse insuffisante au regard des besoins

Les centres d’hébergement d’urgence sont des structures « permettant une mise à l’abri immédiate et offrant des prestations assurant le gîte, le couvert et l’hygiène, une première évaluation médicale, psychique et sociale et une orientation vers un professionnel ou une structure susceptible d’apporter à la personne l’aide justifiée par son état ».

Ces centres ont pour mission d’accueillir « Toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique ou sociale, isolée ou en famille. Il s’agit d’un accueil inconditionnel, c’est-à-dire notamment sans condition de régularité de séjour. Le CHU doit pouvoir accueillir des personnes accompagnées d’un animal de compagnie. » (références ici)

Ce sont des structures financées par l’État avec la possibilité de co-financement de collectivités territoriales comme les communes, les intercommunalités ou les départements.

Pendant la pandémie, de nombreuses places d’hébergement d’urgence ont été ouvertes permettant la mise à l’abri des populations les plus vulnérables.

À l’issue de la crise sanitaire, le gouvernement au travers de l’instruction « Trajectoire 2022-2024 » a affirmé sa volonté de lutter contre le sans-abrisme en renforçant sa politique du « Logement d’abord ».

Cette décision s’est traduite par la suppression des plans d’hébergement hivernaux au profit d’une politique pluriannuelle d’hébergement d’urgence censée faciliter l’accès des personnes à des réponses pérennes de logement.

Si, en 2021, l’ensemble des associations a pu se satisfaire de cette décision, force est de constater que celle-ci s’est traduite sur le terrain par une réduction sévère des hébergements d’urgence, ce qui a généré une augmentation des personnes à la rue, en Isère et dans de nombreux départements. Dans notre département, on a laissé à la rue cet hiver des femmes enceintes ou avec des enfants dont certains de moins de 3 ans.

À ce jour, pour ces femmes et enfants, les services de l’État (DDETS) proposent depuis le 14 décembre 2022 un « Abri de nuit » qui permet une mise à l’abri temporaire d’une semaine, avec retour à la rue à l’issue de cette période.

Un abri de nuit est une réponse limitée qui n’engage pas à proposer un hébergement pérenne, contrairement aux structures d’hébergement d’urgence qui, elles, accompagnent les personnes vers des réponses plus durables, adaptées à leur situation.

La présence de femmes et d’enfants à la rue relève des compétences du département en matière de protection de l’enfance.

C’est pourquoi, face à cette situation indigne et contraire à la loi, qui dure depuis l’hiver 2021, le Diaconat, le Secours Catholique, La Maison des Familles et le collectif d’associations Migrants en Isère ont interpellé par courrier et par communiqués de presse le président du conseil départemental, le préfet et le Défenseur des droits.

À ce jour, nous n’avons eu aucune réponse du département et de la préfecture et nous sommes toujours en attente de les rencontrer.

Par ailleurs le Sénateur isérois Guillaume Gontard, interpellé par les associations, a décidé d’établir un rapport sur l’hébergement d’urgence en Isère qui vient de paraître. Le rapport annuel du mal logement de la Fondation Abbé Pierre met également en lumière la dégradation et l’insuffisance de l’hébergement d’urgence en France.

Le Diaconat protestant de Grenoble avec ses partenaires et l’appui de la Fédération de l’Entraide Protestante (FEP) poursuit sa mobilisation sur ce sujet. Nous espérons que nos voix finiront par être entendues et que nous pourrons travailler avec les pouvoirs publics locaux à construire une réponse digne et adaptée en matière d’hébergement d’urgence.

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